This is a goddamn bitch of an unsatisfactory situation

Cirage plus polit que le carrelage d'un palace à ses pieds, veste de costume sur mesure à son coude, gilet serré sur sa taille. Il a l'impression de sortir d'un magazine de mode vaniteux, et il retourne un regard peu impressionné à son reflet dans le miroir. Lui n'est pas dupé par l'onyx délicat de ses vêtements puisque lui est conscient des troubles de celui qui les porte ; la nervosité lui encercle le cerveau depuis hier, ses nerfs sont à vif, il sait qu'il ne pourra pas dandiner des hanches pour impressionner les hautes têtes du Ministère ce soir, et il tourne sa tête pour ignorer le miroir trompeur et s'activer sur ses notes, qui ne sont qu'un résumé des invités suivi par quelques idées de brèves discussions. C'est un miracle qu'il s'en soit détourné ne serait-ce que pour s'habiller, mais il abhorrerait son ridicule s'il se retrouvait à un gala criant la prépotence avec une chemise à l'envers. Il a à peine réussi à nouer sa cravate sans brûler l’entièreté du dortoir dans son agacement. Quelle idée. Si c'était de son ressort, il n'irait même pas. Cependant son père l'a formellement invité, dans une lettre qui parlait plus de l'état du Ministère qu'elle ne lui demandait son avis. Alors il l'a tut.

Il lance un regard nerveux à sa montre, cachée par les manches de sa chemise. Il n'est que 17 heures et il est attendu vers 19 heures, mais être à l'avance ne lui fera pas de mal. Il ne manquerait plus qu'un accident spontané le mette en retard ; au vu de sa chance et de ses précédentes expériences, il préfère ne rien risquer. Il lance un coup d’œil distrait vers son dortoir, son lit qui est envahi par Goku et les millions de jouets qui le distraieront d'un suicide, puis sort d'un pas rapide, qui témoigne d'une nervosité qui prend possession même de ses jambes.

Adrian ne sait vraiment pas à quoi s'attendre dans les prochaines heures. Au fond de son cœur, il espère que Raymond ait décidé de passer à l'improviste et de le garder attaché à ses côtées comme une mère ours face à des prédateurs, mais il sait que le vieil homme est encore aux États-Unis et qu'il a décidé ces dernières années de diminuer ses exagérations quant à la santé de son petit-fils dans les mondaines fêtes que les sorciers dits nobles s’affairent à son plus grand désespoir à organiser. Une grossière erreur selon lui. Il en pleurerait presque, taperait du pieds au sol et chouinerait mais il est trop digne.

Le problème en lui-même n'est pas le gala, mais plutôt la présence de son père ; il n'est pas faux qu'Adrian est toujours nerveux en sa présence, une pure volonté de vouloir l'impressionner nichée au fond de l'estomac, et une tristesse quant au manque de confiance que l'autre a en son égard. L'homme l'a toujours regardé avec une pointe d'autorité, et quelque chose d'autre que le jeune homme a fini par identifier comme de la déception. Mais pour une fois, c'est le plus vieux qui fait un pas vers lui, pourtant conscient du chemin émotionnel que son fils a décidé de prendre, et Adrian n'est pas prêt à voir la honte sur le visage de son père aujourd'hui ; au diable soit le malaise tambourinant dans ses entrailles, au diable la gêne qui lui entrave souvent la gorge.

Ses pas s’accélèrent. Plus il pense, plus il marche vite, moins il regarde devant lui. Sans s'en rendre compte, il court presque. Il doit avoir une mine renfrognée, ou borderline meurtrière, puisque malgré son accoutrement, personne ne l'interpelle et personne ne se met en travers de son chemin. Cette position de pouvoir est grisante, mais Adrian se sent trop vulnérable pour en profiter ; il sent l'anxiété monter, et plus les minutes passent, plus il sait qu'il n'est pas fait pour ce genre d’événement. Mais personne ne l'est, dans sa logique, et s'il doit se mouiller pour faire plaisir, qui est-il pour ne pas le faire, quand l’entièreté de son arbre généalogique n'a été que sacrifices et masques de jolies têtes et jolies vies et de langues mordues pour ne rien dire.

Ses pensées sont interrompues. Le choc est brusque et il titube en arrière pendant un instant avant de perdre l'équilibre et de tomber à terre. Les quelques secondes qui suivent sont utilisées pour essayer de comprendre ce qu'il vient de se passer ; il a tellement mal au nez qu'il pense s'être prit un mur, mais un boom et un grognement qui lui signale qu'il s'est plutôt pris une personne de pleine face. Il cligne des yeux pendant un moment sous la force du choc, puis les rouvre pour se trouver en face d'une tignasse rousse qu'il connaît déjà. Adrian grogne.

« Mais c'est pas vrai Weasley, ton timing est encore pire que tes performances scolaires ! », il est plus qu'agacé mais au fond ce boulet lui a évité une crise de panique. Il se redresse et s’assoit, le dos déjà en bouillit. L'autre a sûrement dû courir, puisqu'il est tombé assez fort pour se retrouver sur son dos. Il touche plusieurs fois sa narine et découvre qu'il commence à saigner du nez. Ses yeux s'écarquillent d'horreur, son cerveau, lui, alignant déjà un scénario apocalyptique ; il n'a qu'un costume, s'il tache sa chemise, il n'aura pas le temps de trouver un autre accoutrement. Ses yeux paniqués trouvent ceux d'Adam, qui est lui aussi toujours par terre. « Vite ! Vite ! Trouve-moi un mouchoir, dépêches-toi, avant que j'utilise tes vêtements ! »

Codage par Libella sur Graphiorum