Situation désespérée mais pas sérieuse feat Myrna Hornby

Trois jours. Adam n’avait eu besoin que de trois jours pour se faire remarquer et se faire sortir de cours. Alors certes, il devait juste aller récupérer une copie du manuel de cours qu’il avait oublié à la bibliothèque, mais c’était quand même un exploit notable. Il se baladait tranquillement dans les couloirs, profitant de cette excellente excuse pour se dégourdir les pattes ramollies par un enchaînement de cours interminable. Erreur de débutant de l’avoir envoyé non-accompagné, la classe n’était pas près de le revoir de sitôt. Ce qui prit vraiment du temps fut le trajet. Une fois sur place, il ne prit pas longtemps pour récupérer le fichu livre. Parce qu’il avait le goût du risque, le gryffondor fit une plouf pour choisir son manuel. Coup de bol, il tomba sur un qui n’était pas trop abimé. Il salua le bibliothécaire et commença son périple du retour.

Plus soucieux de la nature du repas du soir que de l’excuse qu’il allait sortir au prof pour avoir pris vingt minutes à récupérer un bouquin, Adam continuait de déambuler au rythme d’un petit vieux. Sur un coup de folie, il décida de prendre un autre chemin pour le retour. De toute façon dix minutes de plus ou de moins, il n’y avait pas grande différence. Il aperçut Myrna qui faisait voler son plumeau avec élégance dans l’air. Un petit sourire malicieux se dessina sur le visage du jeune homme lorsqu’il croisa le regard de la gentille concierge.

- Bonjour Miss Hornby, vous êtes resplendissante aujourd’hui. Dit-il en agrandissant son sourire, sans s’arrêter pour autant.

Alors qu’il passait à proximité de la bonne femme, il sentit quelque chose de léger tomber sur son épaule. Est-ce qu’elle lui avait jeter une boulette dessus ? Il fut légèrement amusé par cette idée car les représailles risquaient d’être terrible si c’était le cas. Il s’arrêta net, coupant ainsi le rythme de grand-père qu’il s’était imposé depuis le début. Le jeune sorcier se retourna donc vers l’adulte, prêt à régler ses comptes. Il fut presque déçu de voir la jeune femme occupée à autre chose. Presque déçu de ne pas à avoir à déchirer les pages de son bouquin pour ses boulettes de vengeance.

Cependant, sa vision périphérique capta du mouvement sur le sol. Il aurait juré avoir vu une tache sombre se déplacer. Cette idée ne lui plu absolument pas. Chose assez rare, le gryffondor perdit son visage habituellement souriant pour laisser place à l’inquiétude. Quelque chose tomba de nouveau non-loin du rouquin. Ce fut avec horreur qu’il découvrit l’origine de la boulette, ce qu'il nomme engeance du diable: de toute petites araignées.
 
Après un petit cri très similaire à celui d'un petit chaton, il jeta son manuel sur la petite bête au sol. Horrifié, il dégaina sa baguette prêt pour la suite du combat.

3 septembre

« And I felt this way before, yes I swear, this is truuuuuue.” Myrna sifflotait gaiement une chanson des années 80 tout en guidant son plumeau dans les airs du bout de sa baguette. Le but de l’opération était d’épousseter les cadres des divers portraits. Un vieux mage en bonnet de nuit et à l’allure souffreteuse s’était plaint que la poussière le faisait éternuer. La jeune concierge s’était considérablement vexée à cette insinuation que son travail était mal fait. Elle venait de rentrer de 2 semaines de vacances, c’était vrai : une chez son père dans la maison de son enfance, et une à faire du camping sauvage à la cheap avec sa plus jeune sœur, moldue. Mais elle avait donné des instructions aux elfes de maison, ses collègues avant son départ, et son opinion privée sur le sujet était que ce qui indisposait le plus le vieux mage était l’énorme verrue qui surplombait sa narine gauche. Le peintre n’avait vraiment pas été tendre avec lui.

Enfin. En cette minute, de charmantes sorcières siamoises peintes sur le mur d’en face reprenaient en chœur sa chanson, improvisant une petite performance. Vu comment Monsieur-Complaintes louchait vers elles, Myrna commençait vraiment à croire que tout ceci n’avait rien à voir avec le moindre grain de poussière. Vieux pervers. Toutefois, dépoussiérer faisait bien partie de son job et elle l’aurait fait de toute manière, alors autant s’en amuser. Tout là-haut, son plumeau s’agitait gracieusement, descendant de portrait en portrait avec méthode.

Un bruit de pas lui fit baisser la tête, laissant momentanément le plumeau à sa propre volonté. Adam Weasley apparu dans son champ de vision et elle lui offrit un petit sourire de salutation. Est-ce qu’il n’aurait pas dû être en cours ? Mmh. Après leurs BUSE, les grands élèves avaient souvent des trous dans leur emploi du temps. Les fliquer n’était pas dans sa fiche de poste.

« Merci, Monsieur Weasley. »

Son sourire s’agrandit, pétillant. Elle n’était pas entièrement dupe, c’était de la flagornerie, mais dite gentiment, et elle décida de la prendre comme un compliment. Le petit Weasley lui était sympathique, même s’il n’était pas le plus sage. Elle secoua ses mèches blondes tout en se tordant à nouveau le cou pour reprendre le contrôle de son plumeau.

Un cri, suivit d’un boum. Myrna se retourna vivement, baguette brandie à son tour, pour découvrir Adam figé, l’air horrifié, quelques mètres plus loin. Son plumeau, qui avait machinalement suivit son mouvement de baguette, était redescendu brusquement, pour coiffer malicieusement le Gryffondor, lui donnant une allure ridicule, comme une bizarre perruque. Une petite araignée s’échappa des plumes pour dévaler sur la nuque du garçon, mais elle était si petite que la concierge était trop loin pour la voir.

Devait-elle lancer un Protego ? Le couloir semblait parfaitement calme.

« Tout va bien, Monsieur Weeasley ? »

Le jeune gryffondor dévisageait le livre au sol, comme s’il s’attendait à le voir partir en courant. Son cœur continuait de battre la chamade, mais sa respiration commençait à se calmer. Habituellement quand Adam faisait face à ces créatures (chose qui arrivait assez souvent), il savait garder un minimum de self-control. Il était capable d’affronter dignement les araignées qui lui faisaient face, avant d’appeler toujours dignement au secours. Malheureusement, un tel niveau de self-control demandait un minimum de préparation mentale.

Le gryffondor ferma les yeux et tenta de reproduire les exercices de respiration que lui avait enseigné son frère des années auparavant. Grande inspiration, on bloque, grande expiration, on bloque. Il se sentait déjà un peu moins crispé, et les légers tremblements qui parcouraient son corps semblaient se calmer également. Il détestait le peu de contrôle de lui qu’il avait pendant ce genre de crise. Se donner en spectacle, oui, mais de la manière que lui voulait.

Alors qu’il essayait tant bien que mal de se calmer, il sentit quelque chose se poser sur sa tête. Levant les yeux, il aperçut le plumeau et sa Miss Hornby à l’air un peu inquiète. Le jeune homme ne prit pas la peine de retirer son couvre-chef improvisé. C’était clairement le cadet de ses soucis actuels, et l’idée d’avoir de la poussière plein les cheveux l’importait guère.

Il tacha donc de répondre à la concierge avec une voix qui se voulait joviale et rassurante, mais qui se trahissait clairement par sa fébrilité.

« Ne vous en faites pas tout va- »

Il fut coupé par une chatouille qui glissait le long de sa nuque. L’horreur traversa son visage quand il imagina le pire scénario. Il fallait agir vite avant que ça dégénère et qu’elle ne s’enfonce plus loin dans ses vêtements. Il avait appris à ses dépend en première année qu’il était interdit de se balader à moitié nu dans les couloirs. Il n’avait pas envie de se faire convoquer dans le bureau de la directrice aussi tôt dans l’année. La seule solution alternative que le gryffondor trouva fut de se taper contre les vieux murs du château. Même si c’était dégoutant, il préférait savoir la créature morte que capable de pondre des œufs partout dans ses vêtements. Adam était complétement paniqué. Il continuait ses exercices de respirations, mais le rythme était si rapide qu’on aurait juste dit qu’il était en pleine crise d’asthme. Inconsciemment, il marmonnait de vieilles comptines roumaines, celle que lui chantait sa maman pour le réconforter. La panique avait fait monter des larmes, larmes qu’il galerait à retenir alors qu’il se fracassait sur toutes les surfaces possibles.