Romulus Macmillan " Les choses bonnes à avoir et les jours bons à passer sont tôt racontés et n'offrent pas grand intérêt..."

Cher journal,

Tout d’abord tu dois te dire « un garçon qui tient un journal ? Ce ne serait pas une habitude plutôt féminine ? »  et à moi de dire qu’il faut cesser de propager ce cliché injuste, car qu’en est-t-il de tous les aventuriers ? Les grands rois conquérents et les pirates sanguinaires ? Tous consignaient leurs incroyables aventures dans leurs mémoires ! Alors c’est cela que j’écris à mon tour : mon mémoire. Cela me change de mon style habituel ; ce que je préfère, moi c’est écrire des fictions, mais il faut parfois savoir sortir de sa zone de confort !

Alors voilà ! Je m’appelle Romulus Caïn Macmillan et je suis né un 24 mars. Je ne pense pas avoir besoin d’expliquer que les Macmillan sont une vieille lignée de sorcier pour qui la pureté du sang est la chose la plus importante de l’univers. Je le pensais aussi avant, après tout j’avais été élevé dans cet état d’esprit, puis mes années à Poudlard m’ont fait changer d’avis. Grandir dans une famille sorcière de renom n’est pas aussi attrayant que ça en a l’air. Vivre dans un grand manoir familial ça a de la gueule, mais on s’y sent vite seul, et la richesse ne remplace pas un véritable ami. Et avoir une sœur aînée n’a pas aidé à rendre mon enfance moins solitaire. D’aussi loin que je me souvienne, Octavia à toujours été aussi appréciable qu’un graillon dans une soupe de légumes. Quand elle ne s’amusait pas à me faire pleurer en me pinçant ou en tirant les cheveux, elle m’accusait toujours de ses propres bêtises. Et bien entendu, étant la chouchoute de Père il me punissait sans écouter ma version de l’histoire. Pourquoi est-ce que miss Parfaite était la préférée de père ? Peut-être parce que mes pouvoirs de sorciers se sont manifestés plus tard qu’elle ? Ca je peux te dire, cher journal, que j’en ai longuement entendu parler.  Parce que madame a su faire voleter son bol de porridge quand elle avait à peine 12 mois et quelques jours. Parce que madame savait se rendre de la même couleur que le mur de sa chambre (caméléon-style) pour éviter le bain avant ses quatorze mois. Parce que madame savait animer ses poupée pour les faire  défiler derrière elle telle une petite armée en coton à peine quelques jours après son deuxième anniversaire. Alors forcément moi et mes petites étincelles au bout des doigts à vingt-trois mois, on faisait pâle figure. Et Octavia de m’humilier à chaque anniversaire, à chaque réunion de famille « tout ça parce que Gromou avait peur du noir sans sa veilleuse ». Pas étonnant que Père ait honte de moi, Octavia a toujours tout fait pour de toute manière. Comme à la réunion d’Halloween –une fête importante pour nos familles que nous célébrons en nous réunissant au manoir- alors que je n’avais pas encore cinq ans, et qu’elle m’avait persuadée que bistouflette désignait un des plats de potage au centre de la table. Ce jour-là je me suis pris une bonne correction pour avoir demandé si je pouvais avoir encore un peu de bistouflette…

Je crois que ma vie a été un enfer jusqu’à ce que j’entre à Poudlard. Certes quelques années auparavant ma sœur avait déjà fait sa rentrée dans l’école renommée ce qui au moins m’avait permis de souffler pendant ses années scolaires (mais elle se rattrapait doublement pendant les vacances) mais ça n’enlevait en rien la pression de mon père sur mes épaule.  Comme Octavia avant moi j'étudiais déjà la magie (de manière théorique forcément) avec ma préceptrice, mais Père assistait régulièrement à nos cours et ces jours-là la pauvre sorcière n'avait même pas l'occasion d'ouvrir la bouche. «Romulus répétez ce passage et sans marmonner comme un veaudelune », « Romulus, asseyez-vous correctement sur votre chaise, vous n'êtes pas bossu », « Si vous n'apprenez pas mieux vos formules vous passerez pour un cracmol auprès de tous vos professeurs » ... Même après les heures consacré à mes études il surveillait mes activités en me donnant une liste précise de lecture. Moi qui ne souhaitais que me plonger dans des romans d'aventure je me retrouvais coincé entre deux pages d'un ennuyeux manuel d'études runiques. Je profitais quand même de mes heures solitaires dans la bibliothèque familiale pour écrire mes premières histoires. Je crois que j'ai commencé à écrire dès que j'ai su tenir un crayon entre mes doigts. Je m'amusais beaucoup à réimaginer les histoires des héros des contes de mon enfance. Je les réinventais, puis j'ajoutais de nouveaux personnages, m'amusais à changer les intentions de certains autres pour créer de nouvelles histoires à ma sauce. Mais encore et toujours cette solitude pour seule camarade. Je n'avais pas d'ami de mon âge car mes cousins étaient les seuls enfants que je fréquentais et je les trouvais bagarreurs et violents. Je n'avais pas le temps pour des chamailleries puériles quand je passais mon temps auprès de Père pour essayer de lui plaire avec mon comportement exemplaire. Bien sûr il n'était jamais satisfait et trouvait toujours un moyen pour me faire des reproches. Seule Mère adoucissait mes journées. Elle n'osait jamais contredire son mari ouvertement par crainte de sa colère mais elle me montrait souvent son affection par un mot gentil, une caresse dans les cheveux ou une petite gâterie pour le goûter.

C'est à Poudlard que je me fis mes premiers bons souvenirs.

Pour commencer je me souviens de ma rentrée comme si c'était hier. J'étais absolument terrifié. D'abord parce que moi qui n'avait pratiquement jamais quitté le manoir j'allais devoir passer presque une année entière en internat mais surtout, terrifié par la cérémonie de répartition. Octavia avait été envoyée à Serpentard bien sûr. La maison des sang-pur ! La maison des sorciers les plus puissants ! Et il me fallait à présent moi aussi être à la hauteur. Père ne me le pardonnerait jamais si j'étais envoyé dans une maison inférieure. Je me souviens avoir supplié le Choixpeau de m'envoyer chez les verts et argent quand on me l'a mit sur la tête.

Je ne me fis pas mes premiers amis immédiatement. J'étais un garçon solitaire et indépendant et je considérais de toute manière mes études comme prioritaires. Je me devais être le meilleur de ma classe pour m'attirer les faveurs de Père. Et dans le temps libre qu'il me restait j'allais souvent à la bibliothèque pour écrire mes histoires. Il se passa donc quelques mois avant que je me fasse de vrais amis. Comme d'habitude ma soeur venait de trouver un moyen de m'humilier au détour d'un couloir (elle a quand même un vrai talent pour me trouver quand il s'agit de me casser les pieds) en recouvrant ma robe d'un tour de baguette de tartiflette au brie. J'étais parti m'isoler loin des railleries et des colibets... bon, oui, j'étais parti pleurer. Mais j'étais jeune et je suis un garçon à l'écoute de mes émotions. Il n'y a aucune honte à ça ! Bref, j'essayais de me calmer à l'écart quand je suis tombé sur mon futur meilleur ami. Un joyeux luron peu impressionnable qui décida de me prendre sous son aile. Nous devînmes vite inséparables et la vie à Poudlard se fit plus douce avec lui a mes côté. Le seul problème (enfin pour ma famille, certainement pas pour moi) c'est qu'il avait du sang moldu dans les veines et qu'Octavia s'empressa vite d'en avertir Père. Bien sûr il me demanda d'arrêter de fréquenter mon camarade mais pris d'un accès de rebellion je n'en fis qu'à ma tête. Il me promit donc, alors que les vacances de Noël arrivaient à grand pas, que je ne remettrai pas les pieds au manoir avant la fin de l'année scolaire si je ne lui obéissais pas.

C'est ainsi que je découvris un monde qui m'était jusqu'à présent totalement inconnu. Un monde ou la magie ne faisait pas loi.

Je passais ces premières vacances dans la famille de mon ami. Une famille aimante comme je n'en avais jamais connue. Je découvrais les appareils éléctroniques, la machine à laver, le réfrigérateur et autres merveilles inventées par les moldus pour palier au soucis du quotidien. Mais mon invention moldue préférée reste le téléviseur. Imaginez une pièce de théâtre mais dans une petite boîte, dans le confort de votre maison ! Si cela n'était pas une forme de magie... Je restais affalé dans le canapé pendant des heures, à regarder films et séries.

Vous vous souvenez quand je disais que je réinventais les histoires de mon enfance ? J'eu l'idée de faire la même chose avec ma série préférée. Et je n'ai pas eu un coup de coeur pour celle-là en particulier sans raison ! Figurez-vous qu'elle reprenait les personnage de mes contes de fées préférés pour les remanier à sa sauce... exactement comme moi ! Imaginez Blanche-Neige en princesse guerrière qui perd la mémoire pour se retrouver envoyée dans le monde des moldus ! Du génie ! Je regrettais presque de ne pas y avoir pensé moi-même. En revanche ce que je ne regrettai vraiment pas c'était d'avoir tenu tête à Père ! Je n'étais plus le bienvenue chez moi mais j'avais l'impression d'avoir trouvé une nouvelle famille.

En première année je me découvris une autre passion : le vol ! Bien que j'ai eu un balai très jeune, je n'avais eu droit qu'à un vieil enchevêtrement de brindilles qui ne semblait tenir que par la volonté de Merlin et qui n'arrivait pas à planer plus haut que trois mètres au dessus du sol. Même les balais prêtés par Poudlard étaient bien plus performants que mon bout de bois fatigué. En cours de vol je découvrais pour la première fois un vraie sensation de liberté, à califourchon sur un balai avec rien d'autre que le ciel autour de moi. Dès que je le pouvais je passais de longues heures au dessus du champ d'entraînement à enchaîner les figures de plus en plus complexes au fur et à mesure que les mois passais. Et laissez-moi vous dire que je n'étais pas mauvais, j'étais même naturellement excellent. On m'encouragea à passer les essais pour l'équipe de Quidditch dès l'année suivante mais je n'en fis rien. Ce sport ne m’intéresse pas. Je le trouve beaucoup trop violent et barbare. En revanche à la fin de la troisième année j'eu l'idée de monter une équipe de voltigeurs. J'ai écris plusieurs lettres au directeur qui sont jusqu'à présent restées sans réponses. Mais je ne désespère pas ! Ma sixième année commence à peine, peut-être que j'aurais plus de chance cette année !