Petite ronde de nuit feat Libre

Ses doigts étaient rouges à force d'avoir récurés l'intérieur des grandes marmites. Ses genoux aussi. Pff, quelle idée d'avoir raccourci sa jupe. Ce n'était pas très pratique quand il s'agissait de squatter les pierres du château. L'état de ses ongles était tout autant lamentable. Non pas qu'elle accordait une immense importance à sa manucure, mais ça n'en était pas moins plus gênant que douloureux. Hippolyte montait péniblement les escaliers pour rejoindre sa salle commune, maudissant qu'elle soit si haut perché. Cette ascension nocturne allait lui prendre un temps fou. Elle serait heureuse d'arriver avant vingt-deux heures.

Après le dîner, Hippolyte avait été contrainte à filer en retenue. Pour une bêtise, vraiment, quelques sorts et insultes échangées au milieu d’un couloir plus tôt dans la matinée avec Lisa Walker. La fille s’était retrouvée avec un nez si gros qu’elle ne pouvait plus se tenir droite, penchant dangereusement en avant. Hippolyte en avait profité pour la pousser malencontreusement dans les escaliers alors qu’elle-même était dotée d’une paire d’oreilles d’âne. Pff, original. Il avait été jugé plus judicieux de ne pas leur faire partager une même retenue sans quoi elles risqueraient de s’entretuer avant la fin de celle-ci.

La Serdaigle avait été chanceuse. On lui avait demandé de laver à la main quelques-uns des gigantesques récipients utilisés dans les cuisines de Poudlard. Au moins elle était en compagnie des elfes de maison, outrés qu’un élève puisse les « aider » (les ralentir dans leur tâche). Et à chaque vaisselle qu’Hippolyte terminait de laver, un elfe repassait derrière avec sa magie. Il leur avait été strictement interdit de lui apporter quoi que ce soit à manger mais Hippolyte avait finalement abandonné sa tâche pour errer dans les cuisines en fouillant afin de récupérer des sucreries. Elle avait essayé de discuter avec les petits elfes mais ceux-ci n’étaient pas exactement ouverts à la discussion. Hippolyte avait surtout monologué jusqu’à ce qu’on vienne lui demander de retourner dans son dortoir. Sa baguette lui avait été rendue prestement.

La dernière bouchée d’éclair au chocolat dans la bouche, Hippolyte mâchonnait tranquillement, perdue dans ses pensées. Ils avaient été gentils pour cette première retenue. Evidemment, les suivantes ne se passeraient pas aussi bien, il fallait s’y attendre. En attendant elle en avait bien profité et les deux heures avaient filés rapidement. Les elfes lui avaient même proposés une tisane (pour essayer de la faire taire dans ses inepties). Le ventre plein et tendu, il était tout simplement l’heure d’une petite pause cigarette. En époussetant les miettes sur ses doigts gras, la sorcière alla se faufiler jusqu’aux toilettes de cet étage. Elle poussa sans ménagement la porte et resta silencieuse quelques courtes secondes en voyant un des préfets de Serpentard, brandissant sa baguette.

Hippolyte éclata de rire, rejetant sa tête en arrière dans une mimique exagérée. Elle ne sortit pas sa propre baguette magique, considérant que Selwyn n’était pas une menace assez lourde pour cela. Soyons réaliste, ce n’était qu’un élève dans une école. « Alors, Selwyn ? Les toilettes des garçons ne te conviennent plus ? » Hippolyte passa nonchalamment devant lui pour aller se laver les mains aux robinets qui, formidable, étaient déjà ouverts. Elle se fichait bien de patauger dans l’eau avec ses chaussures usées ou de tremper son uniforme. « Tu viens reluquer les filles et les fantômes ? C’est pas très sympa pour ta copine. »