Gentlewoman cambrioleuse [Elexter]

Il était 4h du matin mais Myrna était déjà debout. Elle était plus lève-tôt que couche-tard, contrairement à la majorité des gens et ça tombait bien parce qu’elle avait besoin d’un peu de discrétion pour ses emplettes du jour. Son horoscope le lui avait promis : « Votre travail dans l’ombre sera récompensé aujourd’hui. » Et elle avait entièrement confiance en son horoscope. C’était obligé, c’était Miss Rosier qui le rédigeait. Vraiment beaucoup plus fiable que le Daily Mail !

A ses côtés, Lexington leva sur elle des yeux attentifs, et elle rit sous cape. On aurait dit qu’il était naturellement prédisposé à ce genre d’expédition, avec son masque dessiné sur les yeux. Bien. Au fond, ce n’était pas vraaaaiiiiiment du vol. Elle utilisait les ingrédients de l’école, pour fabriquer des potions à l’usage de l’école. C’était un cercle vertueux. Mais. Le Professeur Lluad, à qui elle avait demandé gentiment l’accès à sa réserve l’année précédente, l’avait envoyée bouler en lui faisant un discours de 2h sur le savon noir. A quel point c’était écologique, à quel point les moldus l’utilisaient, et est-ce qu’elle avait déjà pensé au vinaigre blanc avec un peu de bicarbonate de soude dedans ? Myrna avait eut envie de lui verser ledit vinaigre dans les yeux, mais elle s’était contentée de lui sourire gentiment. Et de revenir à 4h du matin se servir en douce. Bitch. Quand il s’agissait de mesquinerie, les Hornby gagnaient toujours. La sainte nitouche n’aurait jamais reconnu son incompétence à garder un simple placard fermé, et la concierge n’avait donc plus eu de problèmes.

De telles habitudes étant difficiles à perdre, elle se glissa silencieusement dans les couloirs, assistant sur les talons, vaguement armée de son fidèle plumeau en guise d’alibi. Bon. Elle était une adulte et la concierge. Elle avait le droit de se promener dans les couloirs. Moins de pénétrer dans la réserve d’ingrédients du maître des potions, mais ça ne l’empêcha pas de le faire. Le culot, c’était sain, et son horoscope avait dit que c’était le bon soir, souvenez-vous.

Le sort verrouillant la porte n’avait pas changé, Merlin merci. En tant que concierge consciencieuse, Myrna avait toujours maintenu ces gonds en particulier très bien huilés et n’eut donc aucun mal à s’introduire dans la réserve. Lexington fila d’un côté, ses doigts agiles se saisissant des flacons que sa truffe… son nez ? avait identifié comme pertinents, pendant qu’elle-même s’occupait des objets solides. Le secret était d’en transvaser un peu dans ses propres contenants, plutôt que de subtiliser le récipient entier. Ni vu, ni connu. Tirant légèrement la langue tant elle s’appliquait, elle versa quelques gouttes de bave de Musard d’une fiole à l’autre. Ce truc était terriblement inflammable, et le recueillir exposait à de graves brûlures, raison pour laquelle il devait coûter les yeux de la tête, mais c’était l’ingrédient secret de ses bombes de ramonage. Une autre de ses créations dont elle était extrêmement fière. Encore juste quelques gouttes…

« -Besoin d’aide peut-être? Je ne vous dérange pas, j’espère. » Elexter leva sa baguette, l’illuminant d’une formule magique par la même occasion pour qu’elle éclaire la pièce et les deux bandits prit la main sur la fiole, la truffe dans la poudre. Avant que le gros rat n’ait eut le temps de détaller, le maître des potions referma la porte de la réserve du pied. Elle ne grinça pas, ne perturbant pas davantage la situation. Elexter s’approcha de la gentille Myrna, pointant sa baguette vers elle pour pouvoir détailler son joli minois et ses cils de biche sans se soucier de l’éblouir. Il lui empêchait toute retraite, la coinçant contre l’étagère.

Est-ce qu’il était surpris de découvrir Hornby jouer les Arsène Lupin chez lui ? Oui. Il s’était imaginé piéger un élève en mal d’ingrédients pour des invention de recettes inintéressantes et déjà existantes. Peut-être Gaultier ou Macmillan ; ni l’un ni l’autre ne se sentait très concernés par le règlement au vu de leurs escapades nocturnes et l’un et l’autre avaient brillés durant les cours qu’il donnait.

Les vols avaient commencé il y avait trois semaines. Myrna (puisque c’était elle, à en croire ses deux yeux) avait fait preuve d’ingéniosité, ne volant pas bêtement des brassées entières d’ingrédients. Malheureusement pour elle, Elexter était particulièrement attentif à ce qu’il utilisait. Attentif pour ne pas parler de trouble obsessionnel compulsif. Oui, le potioniste gardait une liste de ce qui se trouvait dans sa réserve qu’il tenait à jour à chaque fois qu’il allait s’y servir. Oui, il s’était imaginé attraper des élèves assez audacieux pour venir piquer dans les armoires de quoi s’amuser dans leur dortoir.

C’était le fantôme de Myrtle Warren qui était venu lui annoncer avec moult gloussements qu’elle avait vu quelqu’un se faufiler dans sa réserve. Myrtle n’était pas autorisée à venir roder dans son bureau, Elexter le lui avait répété cent fois en moins d’un mois. Pourtant cette nuit là il ne lui avait fait aucune réflexion. Il n’avait même pas relevé les ricanements de l’adolescente pour une longue éternité (elle ricanait tout le temps de toute façon) et à la place s’était faufilé hors de ses appartements pour attraper les petits voleurs. Elexter n’avait pas pensé à demander plus d’information au fantôme. Moins il lui parlait, mieux il se portait comme la plupart des personnes vivantes ou non dans ce château. De toute façon Mimi Geignarde avait certainement rejoint les toilettes les plus proches afin de les boucher et mener la vie dure aux élèves de Serpentard ou Poufsouffle.

Myrna était si concentrée sur son opération périlleuse qu’elle n’avait pas entendu Elexter entrer. Lorsqu’il l’interpella, elle se figea, très consciente du liquide explosif qu’elle avait entre les mains. Avec précaution, elle referma la fiole et la reposa puis elle se tourna vers lui un sourire aux lèvres, tâchant de garder sa contenance malgré le Lumos qu’il lui mettait quasiment dans le nez, lui faisant plisser les yeux.

« Bonjour Elext… »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un haut glapissement retenti tandis que Lexington faisait un bond en l’air, comme électrisé. Le maître des potions venait de refermer sur sa longue queue délicatement rayée. Le raton-laveur en avait lâché le bocal d'yeux d’anguilles qu’il tenait, qui se fracassa au sol en répandant ses petites billes argentées. En bondissant, il avait également heurté l’extrémité d’une étagère, qui s’était désaxée et penchait désormais, son contenu glissant lentement vers une chute certaine.

Myrna se précipita sans plus se poser de question sur son ami, sans se soucier de sa cheville qui se tordait sur les sournois yeux de poisson, et rouvrit la porte pour libérer la queue offensée. Les longs poils gris et blancs étaient pour certains tâchés de sang, mais heureusement, elle n’était pas sectionnée. La concierge se redressa, Lexington dans les bras comme un énorme bébé plaintif, et leva au passage une jambe pour redresser du bout du pied l’étage avant que son contenu ne s’écrase au sol. Un bocal de poudre de fée (qui contrairement à la croyance populaire, ne faisait pas voler mais provoquait une malchance indécrottable) arrête in extremis sa glissade.

« Un peu d’aide ne serait pas de trop, en effet. »

Son équilibre était précaire. Au fond, elle n’avait jamais vraiment réfléchi à une bonne explication si elle se faisait prendre un jour, mais faire comme si elle n’avait rien fait de mal lui semblait le plus sage. Ce n’était pas mal si elle s’en servait uniquement pour l’école, qui devait de toute manière lui fournir les produits dont elle avait besoin pour l’entretien des locaux. Elle était convaincue et il n’y avait plus qu’à convaincre Elexter également. Une petite voix sournoise lui soufflait que si on la condamnait à nouveau pour vol, ce serait de la récidive et on pourrait la renvoyer à Azkaban. Non. Elle avait toujours refusé d’écouter les petites voix. Jimminy Cricket, à d’autres.

Un vieux bruit de porte qui grince retentit. C’était en réalité le glapissement du tapis qui servait d’animal de compagnie à Myrna Hornby. Elexter fut toutefois bien plus affecté par le fracas du bocal sur le sol que par la commotion cérébrale dont devait souffrir la petite bestiole. Il n’était pas inhumain bien entendu et les yeux brillants d’un raton laveur pouvait tout à fait l’émouvoir. Quand celui-ci n’était pas en train d’essayer de se faire la malle avec des yeux d’anguilles à quatre heures du matin. Et pour les quelques-uns qui étaient intactes, voilà que la concierge (après avoir repoussé sans ménagement le maître des potions contre une des étagères) terminait de les achever en les piétinant. Formidable. Dépité, Elexter observa les yeux explosés sur les dalles de pierre. Un rescapé avait réussi à s’enfuir en roulant jusque sous une des armoires de la réserve. Au vu de la poussière qui se dissimulait dessous, il était de toute façon inutilisable. Bien. Une journée qui commençait formidablement, sans aucun doute.

Elexter releva les yeux vers le duo comique en face de lui. La concierge tenait entre ses bras son compagnon de crime et jouait les équilibristes. On récolte ce que l’on sème, non ? Le karma était peut-être une chose vraie et le professeur de divination complètement allumé d’Ilvermorny n’avait pas complètement tort sur tous les sujets. Le professeur de potion épousseta sa chemise en se redressant sous un cliquetis de fioles.

« Vous avez deux bras et une baguette, non ? » Son rat en surpoids n’était pas suffisamment gras pour qu’elle ne puisse le tenir par la peau du cou. Par pitié, et parce que le cirque avait suffisamment duré, Elexter consentit à lancer un sortilège de réparation sur l’étagère branlante qui alla se refixer gentiment contre le mur. Les bocaux dessus se cognèrent les uns contre les autres et l’un manqua de tomber aussi au sol. Il n’en fit cependant rien.

Sans perdre plus de temps, Elexter récupéra la fiole de bave de Musard pour la glisser dans sa poche. « Je vous propose que nous allions dans mon bureau pour discuter de tout cela. Je m’en voudrais de réveiller madame la directrice à une telle heure. » D’un mouvement de tête il lui signifia de sortir. Il en profiterait pour lui donner un onguent à appliquer sur son raton-laveur dont les couinements indiquait qu’il avait vécut de plus beaux moments. Elexter prit la suite de la jeune femme, ne manquant pas de marcher sur ce qu’il restait des yeux et du verre au sol. « Je vous laisserai vous occuper de nettoyer tout cela plus tard. »

Moulte choses semblaient passer à travers les grandes billes rondes de la concierge qui lui servait d’yeux. Elexter aurait été bien incapable de mettre un nom sur chacune des émotions qui se dessinaient avant de laisser place à la suivante. C’était un véritable tourbillon là-dedans. Il n’avait pas le temps pour ça, il était quatre heures du matin et l’un comme l’autre ne devait avoir qu’une envie : sortir de ce cagibi. Et peut-être que Miss Hornby avait d’autant plus envie de se sortir de cette situation. Malheureusement il ne pouvait la laisser s’en tirer à si bon compte.

Alors un miracle se produisit. La concierge fit bousculer le gros tas de graisse à poils dans un bras pour attraper sa baguette magique. Il était temps. Elexter ne fit aucun commentaire de plus. Être témoin de la scène était suffisant à le distraire (sans qu’il n’en montre rien, il était trop tard pour avoir une quelconque émotion de toute façon). A la remarque de la concierge, Elexter se contenta de souffler doucement pour exprimer son amusement. « Les elfes de maison le feront avant. » Il était d’ailleurs fort probable que ceux-ci soient en train d’attendre que les deux adultes quittent la pièce pour leur permettre de remettre de l’ordre là-dedans.

Elexter laissa Miss Hornby prendre le devant pour qu’il puisse retourner dans sa réserve. Il attrapa le bocal fraîchement réparé et le secoua. A l’intérieur ce n’était qu’une espèce de bouillie informe où flottait un unique œil de mérou. Ou en tout cas la seule chose qui ressemblait encore à un œil. C’était peine perdue pour le reste. Elexter sortit une nouvelle fois de la pièce et verrouilla la porte d’un coup de baguette magique. Il alla rejoindre la jeune femme qui patientait devant la porte de sa salle de cours.

« Vous savez pourtant ouvrir une porte sans qu’on vous y ait invité. » Elexter lui ouvrir tout de même la porte. Il traversa d’un pas égal la pièce par la petite haie d’honneur que formait les bureaux bien alignés. Le professeur de potion ne s’arrêta qu’une fois devant la porte qui menait à son bureau. La pièce était plus petite que la salle de cours, plus modeste. Elle était étouffante par tout ce qui s’entassait à l’intérieur. Elexter fit signe à la concierge de prendre place avant de poser le bocal de bouillie d’yeux de poisson. Il s’en alla fouiller dans une armoire pleine à craquer qui se dressait à coté d’une bibliothèque.

« J’imagine que vous réalisez très bien la somme des ingrédients que vous m’avez volé. Vous ne m’avez pas l’air plus bête qu’une autre. » Et surtout, elle se les seraient procurés d'une autre façon. « Il serait très irresponsable de ma part de ne pas dénoncer une voleuse et son comparse. » Elexter sembla avoir trouvé ce qu’il cherchait. Il fit tourner entre ses doigts le petit récipient avant de l’ouvrir pour vérifier la texture de la pâte à l’intérieur. Celle-ci sembla lui convenir puisque sans tarder il revint vers son bureau. Elexter fit glisser l’onguent jusqu’à la concierge. « Appliquez-en une noisette dès maintenant sur la plaie et recommencez dans une demi-heure. D’ici une heure il n’y aura plus rien. »

Pour couronner le tout, Myrna était donc invitée à se culpabiliser pour le travail qu’elle donnait en plus aux elfes de maison. Mmh. Ca irait, elle avait quand même dégagé le plus gros des dégâts. Certains elfes avaient des horaires décalés, afin de nettoyer les salles de classe quand les élèves n’y étaient pas, et elle doutait donc que certains soient tirés de leur lit par sa faute. Mais tout de même, elle repasserait… si on le lui permettait. Elle ne se laisserait pas faire : les elfes de maison étaient ses collègues de travail les plus proches, parfois plus que les autres adultes du château, et elle avait une excellente relation avec la majorité d’entre eux. Ce n’était pas Lockhart qui la convaincrait du contraire.

« Uniquement quand je n’ai pas d’alternative. Ou dans un cadre professionnel. » Parce que personne n’ « invitait » les femmes de ménage. Merlin, si les personnes chargées de l’entretien ne savaient pas se faufiler en tous lieu, efficaces et invisibles, on trouverait moyen de le leur reprocher ! On était bien content que les choses soient propres sans se demander quelle personne de basse extraction faisait ce sale boulot, que tout le monde avait un peu honte de déléguer, et préférait donc oublier. C’était comme ça chez les moldus, et ça fournissait une excellente excuse pour payer les domestiques comme de la bouse de Bandimon. Sa situation était nettement meilleure à Poudlard, elle ne le niait pas, mais elle n’était pas certaine que les mentalités soient si différentes pour autant. Combien d’élèves passeraient ici sept ans sans apercevoir un seul elfe de maison, parmi ceux qui géraient leur linge et leurs repas ?

Il l’avait fait un peu attendre, mais cela lui avait permis de se calmer et d’organiser ses pensées. Il ne fallait pas qu’elle se laisse dépasser par ses émotions quand elle était parfaitement dans son droit, sinon sur les formes, au moins sur le fond. La salle de classe qu’ils traversèrent lui donna l’impression d’une une géante dans un royaume miniature, sentant l’encaustique, un relent de brûlé et la nostalgie. Elle avait appris à aimer les potions, comme beaucoup d’autres choses, après avoir quitté Poudlard. Tout était bien plus fun quand on n’était plus obligé de la faire pour une note sur un bulletin.

Elle ne se sentit pas beaucoup plus à sa place dans le bureau du maître des potions. Elle l’avait nettoyé, pourtant, et admiré le goût qu’il avait bien supérieur à Miss Lluad en matière de décoration pragmatique, mais ce n’était pas chez elle. Myrna se sentit presque surprise qu’il l’invite à s’asseoir, et ne le cacha pas sur son visage, ni non plus la reconnaissance. Il la traitait comme une adulte… et comme une voleuse. « Je ne vous ai rien volé ! »

C’était un cri du cœur, lancé par une voix contenue (crier était très indigne, à 4h du matin), mais vibrante d’indignation. Est-ce qu’il allait au moins oser la regarder en proférant de telles accusations ? Oui, il revenait vers elle, et elle se mollifia légèrement quand ce qu’il lui donna s’avéra un onguent pour Lexington. « Merci pour lui. » C’était sincère. Elle ne savait plus par quel bout prendre cet homme, et prit le temps d’ouvrir le pot le temps de retrouver une contenance.

« Je ne suis pas une voleuse. » Elle l’avait dit en le regardant dans les yeux. Peut-être bien qu’elle volait des trucs, de temps à autre. Mais pas ce soir, et de toute manière, ça ne la définissait pas. Elle massa délicatement la plaie sur la queue de Lexington, qui s’était réfugié dans son cou. Elle n’avait pas le moindre doute sur les bonnes intentions de Lockhart concernant son raton-laveur, et elle espérait qu’il lui étendrait la même courtoisie, un peu tardivement.

Elle releva la tête vers lui. « Mon intellect vous remercie. Il est stipulé dans mon contrat que l’école me fournit de quoi réaliser les potions et produits d’entretiens nécessaires à mon travail. Je n’ai pris que ce dont j’avais besoin pour cela dans la réserve de l’école, et absolument rien pour mon usage personnel. Vous voyez, je n’ai rien volé. »

Elle était heureuse de constater que son ton était calme, si toujours légèrement vibrant. « Et si j’ai pris l’habitude de venir me servir la nuit, plutôt qu’à des heures plus habituelles, c’est simplement que votre prédécesseur était particulièrement désagréable et que je n’avais pas envie de devoir la croiser et me justifier devant elle. Je n’utiliserai pas de Canard WC dans les sanitaires de cette école, vous ne m’en convaincrez pas non plus. Mimi Geignarde me déteste déjà assez comme ça. »

Myrna plissa légèrement les yeux pour le jauger, tout en caressant doucement le dos de Lexington des mains. L’animal consentit à tourner la tête pour observer le maître des potions à son tour, avec une expression si identique que cela en était presque comique. Non, il n’avait pas l’air d’un adepte du Monsieur Propre. Trop de cheveux.

Indirectement, la jolie concierge replète lui faisait penser à ses élèves qui continuaient de nier même prit la main dans le sac. Le maître des potions arqua ses deux sourcils pour l’observer d’un air particulièrement blasé. Ses plaidoiries et mensonges le laissaient dans une indifférence flagrante. Il connaissait la chanson « C’est pas moi qui ait mit des ongles de dragon dans le chaudron de Machin. », « Mais non j’ai pas de mot. Je sais pas ce qu’il fait là ! ». Apparemment le vilain démon des petits sorciers étudiants se partageait avec les concierges. Intéressant. (non).

Le professeur des potions se laissa tomber sur le siège de son bureau. Il se força à soutenir le regard furieux de la jeune femme et ne masqua pas son manque d’intérêt pour son histoire. Jusqu’à ce que son air désabusé soit fissuré par un maigre sourire aux lèvres pincées. Elexter plissa son nez pour retenir un pouffement. Il souffla doucement à la place et vint se pincer doucement l’arête du nez, baissant la tête.

Elexter prit une grande inspiration. Il se redressa vivement et son dos vint épouser de nouveau le dossier de son fauteuil. Son regard se perdit un court moment sur le plafond. Il était sorti du lit (enfin de son bureau) pour ça. D’accord. Ce qu’on disait était vrai. Une école de fous. Et ça venait de la part d’américains… S’en était presque de la mauvaise volonté à ce stade. Elexter s’humidifia brièvement les lèvres, un sourire amusé toujours pendu aux lèvres. « D’accord… Je vois la méprise, très bien. » Il se passa machinalement une main dans les cheveux et frotta brièvement le creux dans sa nuque. « La réserve de l’école est dans la salle de classe afin d’être facilement accessible aux élèves durant les cours. » C’était une question de bon sens après tout. « Vous étiez dans ma réserve personnelle. » La raison pour laquelle elle était fermée à clef perpétuellement. « Ce qui fait que vous m’avez bel et bien volé une jolie quantité d’ingrédients. Et pas les plus communs. » Donc pas les moins chers. C’est bien ce qu’il voulait dire.

Elexter balaya d’un geste de la main toutes les pleurnicheries à propos de Lluad. Elle était partie, non ? Son fantôme ne rodait pas dans les couloirs de l’école à ce qu’il sache. Alors qu’on la laisse là où elle se trouvait à présent. Elexter prit une grande inspiration. Son torse se souleva en rythme. Ses doigts pianotèrent sur le bois dans un bruit sec presque agréable. Il détaillait les grands yeux indignés de la femme en face de lui, prêtant peu d’attention à sa grosse peluche toute aussi indignée. « Bref. Tout ça pour dire que le problème reste le même. ».